DÉJEUNER AVEC LA FAMILLE « ZÉRO-DÉCHET »

Qui n’a pas rêvé, un jour, ne plus jamais avoir à sortir les poubelles ? Qui n’a pas, un samedi après-midi à la caisse du supermarché maudit ce satané caddie ? Qui n’a pas envie de patauger dans une mer « propre » sur laquelle ne surnageraient ni bâtonnets de cotons-tige, ni applicateurs de tampons, ni bouchons de compotes à emporter et autres déchets issus de nos foyers ?!

Trêve de constats (en 2050 les océans compteront plus de plastique que de poissons !), trêve de blablas, une famille a décidé de prendre le problème à bras le corps ! À moins de vivre dans une grotte, vous n’avez pas pu échapper au ras de marée de bonnes actions inspirées par la famille zéro déchet ou presque. Aussi, permettez-moi de vous présenter, en chair et en os, Bénédicte, la mère, Jérémie le père (tous deux sensibilisés à la cause environnementale pour avoir travaillé une vingtaine d’années pour des ONG) et leurs deux enfants, Mali et Dia, installés à Seignosse (Landes). Une petite famille lambda, à ceci près qu’elle ne produit que l’équivalent d’un bocal de déchets par an !

Bon c’est pas tout ça, mais nous sommes attendu pour l’heure du déjeuner ! Ok, qu’est-ce qu’on amène ? Ben oui, quand on est invités, tatoués et bien élevés ça se fait ! Du vin, c’est bien du vin, non ?! Pas sûr , il nous faudrait trouver du jaja en vrac ? À cette heure, mission impossible ! Et un joli petit bouquet de fleurs coupées ? Oui, mais non ! Pas envie de batailler avec la fleuriste, son emballage plastique, son bolduc et son autocollant « Plaisir d’offrir »… Joker !!!

11h, nous voici enfin chez Bénédicte et Jérémie qui nous ouvrent en grand la porte de leur home sweet (mobil)home. La musique brésilienne donne le ton, ici on améliore son éco bilan dans la joie et dans la bonne humeur ! Le café est servi, acheté en vrac, tout comme le sucre ! Ça s’passe comme ça chez Jérémie !

Jérémie, c’est quoi cette bouteille de lait… JÉRÉMIE, C’EST QUOI CETTE BOUTEILLE DE LAIT ?!!! Dis Jérémie, comment on réduit ces déchets ?… Voilà que nous réalisons que nous parlons comme dans une pub !

On nous invite à faire le tour (rapide!) du propriétaire.

Le papier toilette ? Acheté à la vrac mobile, un truck qui sillonne la côté landaise pour proposer ses produits bio en vrac ! Les jouets ? Chinés sur des brocantes et des vide-grenier, l’occas, il n’y a rien de mieux, pour faire du vertueux! Les vêtements ? Tout vient d’un magasin de seconde-main ! Et quand on sait qu’il est 80 billiards de fringues en circulation, on se dit qu’on peut trouver chaussure à son pied ! Revenus dans la kitchenette, nous faisons les placards pour mieux comprendre le mode de vie de nos amis. Les contenants ? Très peu de neuf, beaucoup de vintage ! Rien de tel que les bocaux en verre, les gamelles en inox recyclable, les casseroles en cuivre qui ont traversé les âges pour cuisiner sain et durable !

On passe alors le contenu du frigo au crible ! De la crème fraîche et des crottins achetés chez la p’tite crémière, des épinards frais de chez la copine maraîchère… On l’aura compris acheter bio et local, c’est l’idéal !

Précédée de Mali et Dia, Bénédicte rentre avec son tup-tup (comprendre tupperware) rempli de parts de gâteaux achetées pour financer une sortie scolaire, après avoir acheté quelques bricoles en vrac…

On s’affaire désormais à préparer le déjeuner. Bénédicte, rodée à l’exercice du «tout fait maison», a déjà lancé son émincé de poireaux en cuisson, quand elle étale sa pâte à tarte, assistée de Mali, tandis que Jérémie, qui vient tout juste de casser ses noix du Périgord achetées « sans chlore », dresse la table, dehors…

«Quand on sait que chaque français passe en moyenne 5h devant des écrans par jour (hors temps de travail), on en déduit que le temps est là, reste à choisir ce qu’on veut en faire».

Enfin attablés, chacun y va de son petit compliment sur ce repas « zéro déchet », 100% fait-maison, avant de se resservir une fois, deux fois, trois fois… Les enfants ? Ils ont compris l’intérêt de privilégier les jouets en bois à ceux en plastique, participent avec nous aux ramassages des déchets sur la plage. Ils ont finalement beaucoup moins de mal à modifier leurs habitudes que les grands !

Quand vous faites de la purée mousseline (en paillettes et sur-emballée), êtes-vous vraiment sûrs que tout l’monde en reprend ?

Plus belle leur vie ? À les voir se régaler avec les cookies sortant du four, oui. À les écouter nous raconter les parties de rigolades autour d’essais non concluants, encore oui, mais on devine que la transition n’a pas toujours été de tout repos ! Il faut se heurter, les premiers temps, à l’étonnement voire au refus de certains commerçants, tester et re-tester pour trouver LA recette, convaincre les grands-parents du bienfondé des cadeaux d’expériences (une nuit en yourte, c’est plus de souvenirs qu’une énième boîte de playmo!), encourager, sans cesse, à oser un mode de vie durable, à grands renforts d’autodérision !

En tous cas, leur parcours et tous les témoignages ricochets qu’ils reçoivent via leur blog, sont autant de raisons de croire qu’une autre vie est possible, sans pour autant se dire que c’est du tout cuit !

Ah et ce qu’on ne vous a pas dit c’est que ledit bocal de déchets de la famille, Bob de son petit nom, s’en est allé vers le Musée de Marseille, le Mucem, à l’occasion de l’exposition « Vie d’ordures » et que la famille s’est vu obligé de l’assurer pour l’occasion. Résultat : notre famille zéro déchet ou presque aura perdu son ou presque et gagné son défi zéro déchet cette année !